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Suzhou River

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les avis de Cinemasie

9 critiques: 4.08/5

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33 critiques: 3.83/5



jeffy 4.5 Sublime
Alain 4.5 Du génie à l'état pur
Ghost Dog 4.25 Une très belle histoire d’amour au parti pris narratif et formel très intéressa...
MLF 4
Aurélien 4 Une oeuvre troublante et envoûtante
Chris 4 Une bonne surprise
drélium 4 beau, captivant, original.
Ordell Robbie 3.75 Relire Hitchcock
Xavier Chanoine 3.75 Fausses pistes sentimentales
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Sublime

Quel univers nous dépeint là Lou Ye! Les premières minutes suffisent à comprendre que celui qui filme ça à compris quelque chose au langage du cinéma. Mais la vrai merveille est que la forme et le fond s'accordent ici aussi bien. Histoires d'amour, histoire d'une vie, livrées sous un regard si proche, d'un manière si sensible et intime que la réalité ne devient finalement que le regard que portent les personnages sur leur vie. Coté acteurs, si Zhou Xun est magnifique, c'est Jia Hongshen qui m'a le plus impressionné par sa présence à l'écran, et je suis vraiment impatient de voir si ses autres films confirmeront cette impression. Au passage, on a droit à une vision de Shangaï tel que je ne l'avais jamais vu. Sous cet aspect aussi, le parallèle avec Wong Kar Wai s'impose, mais plutôt que de comparer et dissequer ce film, il vaut mieux ne pas y toucher, le considérer simplement comme une perle, un véritable trésor de poésie qui au travers du particulier en dit beaucoup sur la vie en géneral.

13 juin 2004
par jeffy




Une très belle histoire d’amour au parti pris narratif et formel très intéressant…

Cette fois c’est sûr, un vent de liberté souffle sur la Chine populaire en ce qui concerne le 7ème Art, même s’il continue à avoir des problèmes avec la censure. Qu’importe : il suffit de coproduire le film avec d’autres pays (ici l’Allemagne) et de le sortir en dehors de Chine, en le présentant si possible dans les festivals (Grand Prix à Paris et Rotterdam). Avec entre autres la farce antimilitariste Les Démons à ma porte et en attendant Eclipse de Lune le mois prochain, c’est toute une génération de jeunes cinéastes qui est en train de ranger au placard les grands Zhang Yimou et Chen Kaige, qui passent pour des ringards avec leurs fresques historiques et villageoises pas très audacieuses. Paradoxalement, on se dit que depuis la rétrocession de Hong-Kong à la Chine, s’est produit un transfert de vitalité vers la Chine populaire tandis que l’inverse se ressent dans l’ex-colonie !

C’est une ballade sur le fleuve qui coule à Shanghai qui a inspiré Lou Ye pour son deuxième film. Se mettant lui-même en scène dans un rôle de vidéaste filmé en caméra subjective (c’est-à-dire qu’on ne voit jamais son visage) et dont seule la voix grave nous parvient, il a choisi une forme narrative qui peut surprendre autant qu’enchanter : avachi sur un bateau, il imagine une histoire mettant en scène sa petite amie, lui inventant un passé commun avec Moudan, son sosie, et Mardar, l’amant de Moudan. Cette histoire s’accélère ou se bloque au gré de son imaginaire ; Mardar est un coursier, le visage défoncé à l’acné mais joli garçon quand même. Il rencontre Moudan, joli brin de fille portant 2 nattes d’écolière. Et puis ? L’amour bien sûr ! Mardar et Moudan se plaisent, font des tours à mobylette et s’embrassent, jusqu’au jour où Mardar est payé pour organiser l’enlèvement de Moudan. Seuls dans un appartement désaffecté : Moudan réalise que Mardar s’est foutu d’elle (magnifique plan fixe où son visage change imperceptiblement au fur et à mesure de sa compréhension de la situation). Et puis ? Le père paye la rançon, Moudan s’échappe et saute d’un pont. On ne la retrouvera pas. Mardar passe quelques années en prison et se met en quête de celle qu’il aime inconsciemment. Son enquête lui fait rencontrer Meimei, sosie de Moudan et petite amie du narrateur. Mardar est persuadé que c’est elle. Et puis ?…

Quant au choix formel, il est tout aussi intéressant ; Lou Ye s’inspire apparemment du style visuel de Wong Kar-wai (qui a eu un impact considérable dans le monde du Cinéma) et de son Chungking Express, mais en détourne les ficelles à sa manière, pour mieux coller à l’ambiance du film. Le résultat est audacieux et visuellement superbe, et ce choix est en grande partie à l’origine de la réussite de Suzhou River. Ca donne d’ailleurs furieusement envie de prendre son caméscope et de filmer (entre autres sa petite amie, en référence aux images qu’il a pris de Meimei). Un dernier mot sur les acteurs : si Jia Hongsheng compose un Mardar tout à fait crédible, c’est Zhou Xhun qui explose littéralement à l’écran dans ses 2 rôles de femme fatale déguisée en sirène. Elle est vraiment craquante de bout en bout, et constitue une raison supplémentaire de courir voir ce film pas tout à fait comme les autres.



03 mai 2001
par Ghost Dog




Une oeuvre troublante et envoûtante

Une question.

Si je te quittais, passerais-tu ta vie à me chercher ?

Tout part d'une question.

Oeuvre troublante et envoûtante, Suzhou River nous fait découvrir l'histoire de Mardar, un homme qui était prêt à passer le reste de sa vie à chercher la femme qu'il aimait. Définition marquante de l'amour, Suzhou River est avant tout un film personnel et profond. L'oeuvre d'un auteur plein d'avenir.

Un film magnifique à tout point de vue.



11 août 2005
par Aurélien




Une bonne surprise

Ce n'est pas un polar aux douilles infinies. Il n'y a pas non plus d'entraînement Shaolin afin de venger le grand-père. Suzhou river fait plutôt partie de ces films chinois exportés estampillés "(très) art et (très) essais" que le bon vieux fan de savates évite malgré tout sans trop d'efforts et ce même lors d'une sortie ciné (c'est bien connu, le VCD d'un HK moyen c'est toujours mieux). Et surtout pas de mégastar internationale sur le papier.

Alors quand le gugus moyen a l'occasion de le voir, il s'attend surtout soit à zapper soit à fourguer vite fait un Yuen Woo Ping dans le mange-VCD. Tant que c'est gratuit ce n'est pas trop grave (ça tombe bien il est passé à la télé). Et puis, le film s'installe. Dès les premières secondes, la réalisation et la photo accrochent : un montage haché comme du Charral, une image nette, des décors graphiques. Et une voix off. Inévitablement, on pense a du WKW. On a beau dire, ce bon vieux réalisateur commence à avoir une influence autrement significative que celle de son ex-compatriote Johnny.

Cette influence semble indéniable. Seulement, le récit s'en détache et au fur et à mesure qu'il avance, accroche de plus en plus, jusqu'à ce que le spectateur -qui était prêt à zapper, rappelons-le- ne puisse plus décrocher. Cette légende intrigue passionnément. Les rencontres se font mystérieuses et les personnages -pas forcément sympathiques- sont intéressants. Il y a des parti-pris audacieux et très originaux. La narrateur est toujours en subjectif, et il arrive à narrer des scènes où il n'apparaît pas ! Les genres s'entrechoquent de manière très stylisée.

Le merveilleux vire au thriller sans sourciller. La love story est langoureuse et tout aussi cinétique. C'est vraiment très original et très passionnant. Plutôt rare ces derniers temps.



22 février 2002
par Chris




Relire Hitchcock

Suzhou River n'est pas directement comparable à Wong Kar Wai: là où ce dernier utilise le montage et la virtuosité visuelle pour coller au plus près du ressenti de ses personnages, le choix de mise en scène du film, sous ses dehors familiers, est celui de la caméra subjective certes déjà utilisée aussi par WKW mais pitch oblige on pense plutot au film qui a popularisé son usage au cinéma, le film noir américain Lady in the Lake. Sauf que cela ne va pas sans quelques tics maniéristes et séquences où la caméra s'agite vainement (la séquence d'ouverture notamment). Ces moments sont censés représenter le regard émotionnel du narrateur mais Lou Ye ne se pose pas la question de comment passer de ce regard-là au regard réaliste du reste du film.

La caméra sert le reste du temps à réinterpréter la véritable influence du film, Vertigo: avec ce choix, Lou Ye nous met littéralement "dans les pas" de son narrateur, un peu comme si le mari de Kim Novak suivait en permanence le détective qu'il a envoyé pour "espionner" sa femme. Et du coup, on pourrait voir en Mardar un double (ou une projection révée comme moyen de se réapproprier l'être aimé) du vidéaste, élément confirmé durant la seconde partie où la caméra se substitue dans les coulisses à son regard voyeur, offrant ainsi une autre variation hitchcockienne, sur Fenêtre sur Cour cette fois. Problème: ce type de parti pris est lassant car à force de systématisme il vire au procédé.

Et dans les autres éléments de Hitch relus par Lou Ye, il y a l'eau: elle était la seule occasion d'héroisme d'un homme frustré auquel celle qu'il aime échappera toujours, ici même plus d'illusion passagère, c'est l'eau qui devient le lieu de cette éternelle inaccessibilité, le lieu où la femme s'échappe à la manière d'une sirène. Dans les autres inversions, on a la seconde partie: chez Hitchcock, James Stewart, lors de la seconde rencontre, voit ce qui se cachait derrière le mirage de femme qu'il a aimée et essaie de la refaçonner à son image, Mardar lui ne pourra jamais vraiment prendre sa nouvelle rencontre comme un moyen de remplacer son amour déchu parce qu'elle ne se soumet pas à lui, qu'elle lui souligne en permanence qu'elle ne veut pas jouer les substituts de la disparue (le travestissement de la perruque blonde, ses paroles déterminées). Et sans trop en dire le film rejouera plus loin de façon audacieuse une dernière fois la scène de la rencontre hasardeuse, mais cette fois sans artificialité. Quant à la voix off du narrateur, si elle permet d'ancrer le film dans une Chine socialement sans repères malgré les mutations économiques (le beau commentaire du début et l'écho entre le dédoublement d'une femme et celui d'une jeunesse chinoise partagée entre désir d'insouciance et conscience de la cruauté de l'époque) et d'ajouter une autre dimension à ce qui pourrait n'être qu'un (beau) jeu référentiel, elle fait parfois double emploi avec ce qui est montré à l'écran.

Les défauts ici mentionnés empêchent Suzhou River d'être une grande relecture de ses modèles. Lou Ye y fait cependant preuve d'un talent de styliste qu'il gâchera dans ses deux films suivants. Et Suzhou River aura au moins marqué en son temps une rupture avec le cinéma des aînés Kaige et Yimou et fait souffler un petit vent d'air frais sur le cinéma chinois.



28 janvier 2003
par Ordell Robbie




Fausses pistes sentimentales

Lou Ye n'est pas un réalisateur qui fait du commercial pour les besoins de son pays. Lou Ye est donc un homme dangereux. Pourquoi? Peut-être parce qu'il montre une face tout sauf touristique d'un Shanghai perdu dans la pollution et dans la solitude de ses pêcheurs. Un Shanghai où vivent des femmes de mauvaise vie, des danseuses chichement payées dans un cabaret tenu par la mafia local et où subsiste un trafic illégal de vodka "herbe de bison". Pas la carte postale tant attendue, donc, et Lou Ye récidivera six ans plus tard avec le chef d'oeuvre Une Jeunesse chinoise encore plus sulfureux, jusqu'à être interdit de tourner en Chine. La honte. Tandis que le cinéma chinois s'exporte davantage parce que ses auteurs font du commercial (ZHANG Yimou et CHEN Kaige en tête), il est désespérant de voir que des auteurs de la trempe de Lou Ye n'intéressent pas, ou peu, festivals à part. Car dans Suzhou River il y a tout ce qu'on attend d'un bon film d'auteur, à mi-chemin entre WONG Kar-Wai (caméra sur épaule, sens de l'ellipse, subjectivité et narration off) et HOU Hsiao Hsien (les rapports humains, la recherche amoureuse à travers le temps), et même si la narration peut agacer à force de souligner ce que l'on voit déjà à l'écran, l'ensemble tient particulièrement la route par sa cohérence, ses surprises et sa beauté. Une beauté incarnée par Zhou Xun, formidable dans un rôle à double étiquette : celle d'une jeune femme qui n'a pas tout à fait fini de grandir et celle d'une danseuse mystérieuse, vraie sirène dans la légende et fausse pour son travail. Suzhou River est tout aussi mystérieux.

13 juin 2007
par Xavier Chanoine


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